Infirmier, une profession attractive mais "qui épuise"
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INTERVIEW
Comment expliquer un boom des vœux sur Parcoursup et des difficultés à recruter rencontrées par les hôpitaux ? Bilal Latrèche, président de de la Fédaration nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) était l’invité de Matthieu Noël mardi sur Europe 1, à l’occasion du Salon infirmier, qui se tient actuellement à Paris.
« Parcoursup a donné de la lisibilité aux formations d’infirmier »
Parmi les 8,6 millions de vœux émis par les élèves de terminale cette année sur la plateforme d’orientation Parcoursup, plus d’un million d’entre eux concernaient des écoles d’infirmier. Bilal Latrèche, avance plusieurs raisons. « La suppression du concours d’entrée l’année dernière a été beaucoup médiatisée et a permis de communiquer sur la formation. Cela a prouvé que les modalités d’admission étaient dissuasives pour l’étudiant. À la fois par leur coût, puis à travers l’obligation de se déplacer pour les concours. »
Aujourd’hui, les formations d’infirmiers bénéficient d’un regain d’attractivité. Les 323 instituts de formation répartis sur l’ensemble du territoire ne devraient donc pas avoir de difficultés à recruter.
Des carrières qui ne durent que 7 ans
Les hôpitaux peinent à recruter malgré l’attractivité dont bénéficie la profession. Alors que la formation pour devenir infirmier dure 3 ans, les infirmiers exercent, à l’heure actuelle, cette profession pendant 7 années en moyenne. « Cette durée a baissé, elle est passée de 10 ans à 7 aujourd’hui. Former des infirmiers c’est une chose, mais il faut aussi les fidéliser », souligne le président de la FNESI.
Cette profession est sous tension, ce qui peut expliquer la faible durée des carrières. Aujourd’hui, le salaire brut en début de carrière est de 1700 euros brut. « Dans les services, on ressent de plus en plus de tension et de manque de moyens. Les équipes disent qu’elles sont fatiguées. Elles ont besoin d’avoir un soutien humain et financier », déplore Bilal Latrèche.
Un mal-être dans la profession
« C’est un métier qui épuise. Il y a un mal-être au niveau de la profession », déplore Bilal Latrèche. « En tant que fédération étudiante, on a pu mener une enquête en 2017. Nous avons reçu 14.000 réponses et 2.000 témoignages. Et aujourd’hui, il y a également un mal-être chez les étudiants infirmiers. Ce mal-être et ce manque de moyens se répercutent directement sur l’étudiant à travers notamment son encadrement sur les lieux de stage », poursuit le président de la FNESI.